
L'Equitation des Grands Espaces®
Du rêve des cavaliers…
Nous avons tous rêvé de galoper sur la plage, cheveux et crinières au vent mêlés ; ou de chevaucher dans les grands espaces comme un lonesome cowboy, nous avons rêvé de nous évader grâce à la puissance et la vitesse du cheval…
C’est la raison pour laquelle nous avons voulu apprendre à monter.
Les publicitaires l’ont bien compris et les campagnes commerciales pour attirer les cavaliers dans les clubs utilisent largement des photos et vidéos de chevauchées en pleine nature, rêve vendu mais réalisé par peu de structures car souvent jugé plus compliqué à réaliser “en sécurité” que de faire de simples animations ou cours orientés compétition en espace clos.
Trop souvent au lieu de répondre à vos envies de liberté dans les Grands Espaces, on vous vend une équitation qui, même si elle est dite “d’extérieur”, se déroule dans des espaces clos, balisés, reconnus; et on associe le verbe “apprendre” aux cours en manège, ancrant l’idée qu’il faut d’abord contrôler le cheval “dedans” avant d’imaginer pouvoir éventuellement le contrôler “dehors”.
Pensez-vous que le cavalier mongol a construit un manège à côté de sa yourte pour apprendre à monter à cheval, et ce pendant des années, avant de garder son troupeau dans la montagne?
Pensez-vous que le “djiguit” cosaque a d’abord appris la voltige académique sur le cercle avant de passer sous le ventre de son cheval lancé au grand galop?
Pensez-vous que le gaucho argentin, avant de transhumer 600 têtes de bétail, a dû sauter 80 cm, ou le paysan roumain qui attelle chaque jour 2 chevaux en paire pour travailler ses champs, faire un parcours attelé en carrière, pour valider un diplôme?
Quels sont les points communs entre ces hommes?
Ils vivent dans les Grands Espaces, sont indéniablement cavaliers, hommes de cheval, leur cheval est leur partenaire de travail, de vie, ils dépendent souvent de leurs chevaux pour vivre, comme leur chevaux dépendent d’eux.
Ils vivent, dorment, mangent, travaillent, souffrent, rient avec leurs chevaux. Ils passent tous des heures en selle ou à côté du cheval, et ce chaque jour ou presque quelque soit le temps, s’adaptant aux saisons et vivant au rythme de la nature.
Ils connaissent sans avoir lu de livres la nature du cheval, la ressentent, la comprennent, la respectent, l’utilisent.
Ils ont expérimenté directement sur le terrain et appris de leurs parents.
Ils ne se sont pas embarrassés de techniques inutiles à leur activité.
Nous avons, dans les grands espaces, les mêmes besoins que ces cavaliers :
Connaître, comprendre et utiliser le naturel du cheval, et travailler en partenariat avec lui, parce que dans notre action de déplacement nous sommes interdépendants et donc partenaires.
Le Cavalier des Grands Espaces n’est pas un simple consommateur qui se contente de monter à cheval, mais aussi celui qui nourrit, soigne, veille, rassure, car il a besoin de l’estime et de la confiance du cheval et sait que c’est ainsi qu’il la gagne.
Il vit au rythme de la nature et des saisons, s’adapte pour supporter autant la pluie et la neige que le soleil écrasant du mois d’août, il accepte les aléas et les imprévus comme faisant partie à part entière du voyage, de l’aventure, et facteurs d’enrichissement de son expérience.
Il se reconnecte ainsi à la nature, aux plaisirs simples, aux valeurs essentielles, au moment présent.
Il laisse parler son âme d’enfant sauvage, accepte ses émotions, les utilise pour communiquer avec son cheval, retrouve ce langage non-verbal, primitif et sensoriel.
Il se reconnecte à son corps et laisse fonctionner son intelligence émotionnelle.
Il est humble, sait que son cheval est le seul juge de ses compétences, et évaluent ces dernières par la confiance accordée par sa monture… et conservée. Il ne recherche ni compétition ni performance, simplement le plaisir de partager entre humains et chevaux, dans la nature, et de profiter du moment présent.
Il aime la vie en groupe, les gens autant que les chevaux, sans jugement, car dans les grands espaces les compétences de chacun comptent.
Du cheval…
Le cheval symbolise la liberté mais il n’est trop souvent, sous prétexte de sécurité ou à des fins compétitives, question que de contrôler ses moindres mouvements jusqu’au poser de ses pieds, le soumettre, en être le chef, le dominant.
Le cheval est mouvement, il a besoin d’espace et de liberté.
Sa nature de proie lui fait adopter des stratégies d’évitement plus que le conflit, et lui donne cette capacité à galoper vite qui nous plait tant. Quand le cheval a la possibilité de fuir, il ne fuit plus.
Pourtant nous persévérons à aller contre sa nature, à l’empêcher de fuir, à l’enfermer, à le contrôler, et à vouloir contrôler, contraindre et parfois bloquer chacun de ses mouvements, Quand une proie est acculée, que fait-elle? Elle se résigne et s'éteint, perdant toute joie de vivre, ou se défend dans un ultime instinct de survie…
Le cheval est sociable, il a besoin comme l’homme d’interactions avec ses semblables. Son langage est essentiellement non-verbal et passe par une multitude de signaux discrets, de jeux d’oreilles, d’attitudes, de postures, d’odeurs. Le cheval est grégaire et vit en troupeau, et leur vie sociale est aussi riche que la nôtre.
Pourtant nous continuons à “individualiser” le cheval, sans jamais percevoir la dimension du troupeau.
Nous le privons de tout contact social, comme un prisonnier au cachot, mais à vie, et nous étonnons de le voir devenir schizophrène? Dangereux?
Le cheval est un inoffensif et placide herbivore, qui n’a pour survivre que sa préférence à l’évitement.
Pourtant, il est souvent perçu comme dangereux, imprévisible, parfois même “vicieux”!
L’Homme a tendance à qualifier ainsi ce qu’il ne comprend pas.
“Il a eu peur d’une branche, il m’a fait un écart”.
Et cette incompréhension est le fruit d’une complète ignorance, parfois un déni de la nature du cheval.
Le cheval fait un écart parce qu’il est cheval, pas contre vous!
Et si vous êtes homme ou femme de cheval, cela n’a donc rien d’imprévisible ou de dangereux.
Que dire des chevaux “vicieux” qui “se défendent contre le mors”, “virent” le cavalier à l’heure des dentistes et des ostéopathes…
...A l'Equitation des Grands Espaces®
L’Equitation des Grands Espaces est donc une équitation de mouvement, parce que c’est une équitation de déplacement, de la promenade au voyage, où cheval et cavalier font corps dans un même élan. Tant que le cavalier accepte et accompagne le mouvement du cheval, il ne peut être désarçonné..
C’est une équitation au long cours, parce que la durée est une caractéristique qui détermine des techniques, équilibres spécifiques: durée du temps en selle pour le cavalier, durée du temps sous la selle pour le cheval.
Cette durée nécessite donc d’être supportable physiquement et psychologiquement pour le cheval, et le Cavalier des Grands Espaces cherche toujours à être le meilleur sac à dos pour sa monture, à aider le cheval à le porter, sur de longues distances.
On ne peut mettre les mêmes pressions physiques et psychologiques que subissent chevaux et cavaliers sur un parcours de CSO d’1m30 lors d’une randonnée de 7 jours.
C’est une équitation émotionnelle, de lâcher-prise, de ressenti, de légèreté, où l’intention corporelle remplace les aides et les techniques.
C’est une équitation de partenariat, de confiance réciproque, de partage des tâches avec les chevaux. Il n’y a ni dominant ni dominé, ni chef, ni soumis.
C’est une équitation d’aventure où il faut prendre les choses comme elles viennent en s’adaptant aux circonstances et imprévus, comme savent si bien le faire les peuples nomades.. Et paradoxalement cette acceptation est un réel facteur de de sécurité.
C’est une équitation collective, de plaisir et de partage, sans compétition, ni performance. C’est une aventure humaine et équestre dans la nature, où l’intérêt du groupe prime sur l’intérêt individuel. C’est un troupeau d’humains et de chevaux qui vivent et se déplacent ensemble, chacun apportant ses compétences, où le seul objectif commun est d’arriver à l’étape (ou pas) avec le moins de fatigue et de contraintes possibles, mais le plus de plaisir.
C’est une équitation de liberté, où la liberté du cavalier dépend de celle du cheval, et que pour retrouver sa propre liberté dans nos vies modernes et aliénantes, il faut d’abord rendre la liberté au cheval.
C’est une équitation responsable, parce que la responsabilité augmente avec la liberté. Elle nécessite donc la responsabilisation des cavaliers et non leur infantilisation, elle doit susciter l’envie de remise en question et de formation, d’analyse, d’expérience, de droit à l’erreur aussi.
C'est une équitation en harmonie avec la Nature. Elle respecte la nature humaine et celle du cheval, ce qui nécessite une harmonie des relations entre l’homme et le cheval par l’absence d’effets de force et de contraintes pour respecter le corps, l’humeur et les émotions tant du cheval que du cavalier. Elle se déroule dans la nature sans impacter cette dernière, car le cavalier la respecte conscient que lui et son cheval en font partie.
C’est une Equitation des Grands Espaces®, enfin, parce qu’elle s'acquiert dans les Grands Espaces, par les Grands Espaces, pour les Grands Espaces.
Nous sommes intimement convaincus pour l’avoir expérimenté que :
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le cheval dès lors que l’on respecte son mode de vie le plus naturel, en extérieur et en troupeau, sait bien mieux que nous comment se déplacer par monts et par vaux, Il sait naturellement bien mieux se déplacer dans la nature que de faire des voltes dans un manège,
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en extérieur, contrôler constamment sa posture, ses mouvement, son équilibre, lui retirer la possibilité de fuir de quelques mètres un hypothétique danger sans lui permettre de se retourner pour l’analyser est anti-sécuritaire, sa nature de proie lui faisant adopter des stratégies d’évitement et le priver de ces stratégies génère la panique.
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le cavalier peut dès la première fois qu’il monte à cheval se faire plaisir en sécurité, en extérieur sur des chevaux et un terrain adapté et progresser sans passer par la “case manège”. Est il nécessaire de faire du ski en salle avant d’aller sur les pistes?
La sécurité du Cavalier des Grands Espaces nécessite donc de sa part :
- un lâcher prise permettant l’acceptation et le respect de la nature du cheval,
- l'acquisition d’un équilibre lui permettant :
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de tenir en selle en toutes circonstances,
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d’assurer le confort du cheval et du cavalier,
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de ne pas perturber l’équilibre et la locomotion naturelle du cheval mais de “l’aider à nous porter”,
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faire passer des intentions et conviction au cheval non par la contrainte, mais en obtenant son adhésion, en accompagnant ses mouvements naturels et en les amplifiant plutôt que de s’y opposer.
Une autre équitation, une autre approche de la formation
L’enseignement français de l’équitation, au départ issu de l’équitation militaire, axé sur l’équitation de compétition plus que sur une équitation utilitaire ou de loisir, a évolué suite à la fusion au sein d’une même fédération de l'équitation sportive, du Poney-club de France, et du Tourisme équestre.
L’extraordinaire réussite économique du Poney-club de France a eu pour effet collatéral de baser la formation des moniteurs sur des méthodes pédagogiques plus adaptées aux enfants qu’aux adultes et souvent ressenties par ceux-ci comme infantilisantes.
Par ailleurs la formation technique des moniteurs est restée axée sur le modèle compétitif comme si il était nécessaire d’acquérir les techniques de l’équitation de compétition de dressage et de CSO pour pratiquer d’autres disciplines de loisir.
Nous pensons que maintenir les cavaliers pratiquants dans une certaine ignorance pour asseoir une forme de domination des professionnels est contre-productif, dans l’intérêt des chevaux bien entendu, mais également dans celui des professionnels car ne répond pas aux désirs des pratiquants. Preuve en est le turnover des cavaliers dans les clubs et la désaffection d’un certain public d’adultes pour les structures professionnelles.
Pensez-vous que le cavalier kirghiz ou le gaucho argentin qui suit son troupeau en montagne ou dans les plaines a passé son enfance à jouer à 1-2-3 soleil sur des poneys, passé des années à faire des voltes et des transitions dans un manège? Pensez-vous qu’ils manquent de compétence, ne sont pas autonomes à cheval et incapable d’assurer leur sécurité et de soigner leur cheval ?
De la Pédagogie à l’Andragogie
La pédagogie désigne les techniques mises en œuvre dans une action d'enseignement principalement destinée aux enfants. Il s’agit de la transmission de savoir souvent théoriques laissant peu de place à la pratique et à l’autonomie.
Alors que l'andragogie désigne la science et la pratique de la formation des adultes, elle consiste à amener l'adulte vers la connaissance.
Former, c'est modifier le comportement.
L’adulte ne peut apprendre que s’il en a envie
On retrouve cette manière de voir dans l'énumération bien connue des termes : enseigner, c'est apporter du savoir, former, c'est donner du savoir-faire. Reste à savoir si ce qui est donné est effectivement reçu.
Cette définition montre donc un lien très étroit entre action et formation. La modification du comportement impose de devoir recourir à une phase d'action comme médium du comportement et la prise de conscience comme moyen intellectuel de modifier son action.
Ceci implique que le formateur ne soit qu'un intervenant, un accompagnateur et un créateur d'environnement de formation permettant à l'apprenant de se former par lui-même. Il ne peut que déployer un espace propice à l’acquisition de nouveaux comportements qu'il veut induire chez la personne qu'il veut former et tout faire pour que ceux-ci soient efficaces.
Entre autres choses, on remarque que l'adulte ne mémorise pas de la même manière (il n'a plus l'habitude d'apprendre par cœur), il n'accepte pas les idées toutes faites et a besoin d'être convaincu (il a l'esprit moins malléable et beaucoup de préjugés) ; de plus, l'apprentissage est une remise en cause de ses certitudes, ce qui est parfois mal perçu. Par contre, l'adulte dispose d'une expérience, sur laquelle on peut s'appuyer, et d'un esprit critique plus développé.
En conclusion, si la formation n'a pas de « sens » pour l'apprenant, alors ce dernier ne pourra adhérer à celle-ci.
Le Cavalier, acteur de sa formation
L’adulte apprend par expérience, ce qui implique un droit à l’erreur, et permet de prendre conscience de ses besoins de formation.
La formation n’a de sens que si elle répond à un besoin, une demande.
L’Equitation des Grands Espaces® est une équitation de ressenti, émotionnelle, sensorielle, qui ne peut que se vivre. Les contenus théoriques ne servent qu’à donner un lien logique, un sens, à la pratique.
L'apprentissage par l'expérience et la responsabilisation
D’une part, parce que chacun possède sa propre expérience, équestre ou non, car des compétences acquises dans des sphères différentes sont souvent des atouts précieux qui doivent être reconnus et valorisés dans un contexte différent.
D’autre part, parce que les envies, les rêves et les objectifs de chacun diffèrent; et que ces envies et objectifs peuvent également évoluer au fil du temps et des expériences.
La formation n'a de sens que si le cavalier adhère à sa logique et à l'objectif, et que le lien entre formation et expérience, et mise en situation concrète.
Autonomie et responsabilisation
L’autonomie du cavalier est au cœur de notre approche de formation, dès l’initiation.
L’acquisition de compétences, de savoirs et de savoirs-faire, n’a qu’un objectif : gagner en autonomie, et les compétences seront d’autant mieux acquises qu’elle l’auront été dans le plaisir et non dans la douleur
La compétence n’a pas de lien avec le diplôme.
Déjà parce que le diplôme ne peut sanctionner que certaines compétences dans un contexte donné, et que le diplôme renforce souvent la conviction de celui qui le possède que cela le dispense de remise en question, d’approfondissement.
Ensuite, parce que acquérir des connaissances et des compétences permet de mieux connaître aussi ses capacités et ses limites.
S’initier à la maréchalerie ne remplace pas l'intervention du maréchal-ferrant, mais permet de se dépanner en l’attendant ou au minimum de comprendre l’intérêt ou non de son intervention.
Se former au secourisme équin, reconnaître les symptômes des principales maladies ne vous dispense pas de recourir au vétérinaire, mais permet au contraire de ne pas l’appeler trop tard.
Assumer la responsabilité de l’organisation d’une randonnée, du bien-être de la cavalerie et gérer les aléas de l’aventure permet d’apprécier par la suite la valeur ajoutée d’un organisateur, professionnel ou non, qui vous dispense de cette charge de travail et de responsabilité.
La responsabilité va avec la liberté, non pas comme un fardeau, mais comme une expérience enrichissante et personnelle.
Cette prise de responsabilité nécessite l’acquisition de compétences et d’expériences, suscite l’envie de formation avec un objectif motivant : la liberté.
C’est un cercle vertueux sur le plan humain : Nous avons confiance en nos cavaliers parce que nous avons confiance en nos compétences de formation ; comme nous avons confiance en nos chevaux parce que nous les avons bien éduqués et leur avons créé un contexte d’expérience riche et serein.
Expérimenter plutôt qu’apprendre
L’équitation des Grands espaces ne peut être scolaire, théorique ou technique. C’est une équitation de ressenti, sensorielle, émotionnelle.
L’adulte, contrairement à l’enfant, a perdu beaucoup de son intelligence émotionnelle et sensorielle et se rassure en se raccrochant à son intellect, ou à l’apprentissage de techniques.
Si il doit comprendre l’intérêt théorique pour adhérer à cette quête de lâcher-prise et de ressenti, le fait d’évoluer dans les grands espaces, donc un univers continuellement changeant, où chaque situation est unique et demande une analyse constante d’un contexte à l’instant T, une adaptation ; et dans ce cadre le “par coeur” ou “d’habitude on fait comme cela” ne fonctionnent plus.
Le cavalier des Grands Espaces utilise ses connaissances et compétences pour s’adapter au mieux à chaque situation, et tire profit par l’analyse de son expérience et de ses éventuelles erreurs d’appréciation.
Partager plutôt qu’enseigner
La formation à l'Équitation des Grands Espaces n’est pas verticale, il n’y a ni maître ni élèves.
Pour ne pas figer un savoir et freiner la remise en question ou l’amélioration constante d’une approche, il est primordial que cette formation soit horizontale.
D’une part, chacun gagne à mettre en commun et partager ses expériences, connaissances, compétences, car c’est ainsi que la communauté s’enrichit.
D’autre part, le passeur d’un savoir apprend autant en transmettant ce dernier que la personne qui le reçoit, car elle doit adapter son discours, ses arguments, ou le contexte d’expérience en fonction de la personne qui reçoit.